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Stéphane Cand: "Ma famille est le coeur de mes rêves sportifs."

Mardi 10 juillet dernier, Stéphane Cand, l’ultra-cycliste broyard, domicilié à Seiry (Commune de Lully), réalisait son second rêve : la traversée en diagonale de la France et de l’Espagne, de Strasbourg à Malaga en passant par Perpignan. Et tenez-vous bien, car les chiffres ont de quoi vous faire mal aux jambes rien qu’en y pensant : 2'380 km en 8 jours, une moyenne de 300 km par jour, 18 heures par jour sur la selle…Une performance hors du commun. Rencontre. 

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Stéphane Cand:

Stéphane Cand (46 ans) nous accueille chez lui, peu avant son départ pour Strasbourg, dans son appartement à Seiry, sous le regard bienveillant de sa compagne Lauriane, pour qui il a eu le coup de foudre il y a maintenant six années sur son lieu de travail (il est logisticien à la place d’armes à Bière). De cet amour est née la petite Amandine, 5 ans. Stéphane est encore l’heureux papa de deux filles, Caroline (6 ans) et Justine (15 ans), fruit d’une précédente union. Stéphane ne nous impressionne pas du haut de ses 172 centimètres. Par contre, son chat, Hermine, gentil mais imprévisible avec les inconnus dit-il, nous inquiète plus. Alors nous gardons un œil vif sur ce magnifique félin durant tout l'entretien… ;-) 

 

Stéphane a grandi et vécu durant près de 40 ans sur la Côte, entre Nyon et Gland. Alors comment se fait-il qu’il débarque après toutes ces années au cœur de la Broye fribourgeoise, à deux pas d’Estavayer-le-Lac ? Par amour, une nouvelle fois. Lauriane travaille alors à Grolley. "Nous avons recherché un appartement entre nos deux lieux de travail et nous avons eu un coup de foudre, encore un, pour celui-ci à Seiry, et nous envisageons y rester encore un bon bout de temps", précisent-ils en chœur. 

 

Il a failli tout arrêter, mais l’amour… 
Avant ses exploits sur son vélo, Stéphane Cand pratiquait la course à pied. Très jeune, il était déjà frénétiquement attiré par les longues distances. Il a couru Morat-Fribourg ou encore un semi-marathon à l’âge de 14 ans. En 2004, alors âgé de 32 ans, il fait parler de lui en courant 30 marathons en 9 mois ! Ni plus, ni moins. L’année suivante, tout aussi impressionnant, il suit en courant la descente du Rhône soit 812 km en 12 jours. 

Puis, en 2008, voilà un premier tournant avec la décision d’abandonner la course à pied afin de laisser la place au vélo. Stéphane y voit plus d’horizon, moins de contraintes physiques pour le corps aussi. Avec son attirance pour les longues distances, il se teste très vite sur les ultra distances et ça lui plait. Toutefois, durant deux années, en 2012 et 2013, pour des raisons privées, il range définitivement, croit-il, le vélo. C’était sans compter sur Lauriane. A chaque passage de vélos, elle le voyait se retourner et les regarder avec envie. Alors elle l'encourage à remonter sur la selle. Par amour. Car il est légitime dans un couple de vouloir le bonheur de son conjoint. Et réciproquement. 

Le vélotaf, son premier rêve de gosse
Le vélotaf, c’est pédaler sur de longues distances depuis son domicile jusqu’à son lieu de travail. Voilà le premier rêve de gosse de Stéphane Cand, un rêve devenu réalité : Seiry – Bière, 70 km, été comme hiver. Et quel courage ! En effet, qui serait prêt à braver avec son vélo les températures négatives, le froid hivernal, la neige sur l’asphalte pour aller travailler 70 kilomètres plus loin ? Très peu de monde. Le réveil est programmé à 3h30. Stéphane prépare le petit-déjeuner pour toute la famille et il mange comme un roi, aime-t-il dire. Il prend la route vers 4h45-5h00 et arrive à Bière à 7h30. Après sa journée de travail - il travaille à 100% - il remonte en selle à 16h30 et rejoint son chez-soi vers 19h00. Après 140 kilomètres dans les jambes, il partage le souper et le reste de la soirée avec sa famille, si importante pour son équilibre. En règle générale, dans l’esprit des gens, l’ultra distance n’est pas compatible avec une vie de famille car souvent l’athlète semble tout sacrifier, même la famille, pour vivre pleinement son sport. Pas chez Stéphane Cand, où sa famille est le cœur de ses rêves sportifs. Sa passion pour l’ultra cyclisme s’articule autour de la famille, et non le contraire. A l’instar de toutes les soirées, le vélo est en veille tout le samedi et dimanche après-midi où Stéphane prend soin des siens. Il roule les jeudis soirs avec le Team Tesag et aussi les dimanches matins avec son groupe de l'Amicale de la Broye. Stéphane planifie aussi longtemps à l’avance son année sportive afin de faciliter l’organisation familiale. Il ne bloque finalement que 6 week-ends par année afin d’assouvir sa passion dans un cadre compétitif. 

Bataille mentale contre la chaleur et le vent
Vendredi 13 juillet, nous sommes heureux de retrouver Stéphane par téléphone, trois jours après son arrivée à Malaga. Il est déjà rentré en Suisse et profite de se reposer en famille. Nous le félicitons pour la réussite de son second rêve! Et ses impressions? "Je suis heureux et très satifait de moi-même. En terre espagnole, les conditions météorologiques ont été un redoutable contradicteur mais mon mental a été encore plus fort", dit-il. En effet, en pleine journée, la température est montée jusqu'à 47 degrés. Il a d'ailleurs subi un gros coup de chaleur sur Valence où il a fallu s'arrêter et attendre que son corps veuille bien reprendre la route. Il est vrai que Stéphane aurait pu rouler encore plus de nuit, mais finalement il en a été décidé autrement car il voulait profiter au maximum du panorama que lui offrait le voyage. En outre, il a dû livrer une seconde bataille avec un fort vent, de face, sur les 700 derniers kilomètres. Autant dire que cela fait perdre beaucoup de vitesse et ajoute quelques heures sur la selle. 

Au final il a bouclé son aventure de 2'380 kilomètres en huit jours, au lieu des sept initialement prévus. La faute à son arrivée tardive sur Perpignan. Afin de faire valider la première partie du voyage sur sol français avec un tampon officiel de la ville sur son carnet de route, il a fallu attendre le lendemain matin et la réouverture de l'hôtel de police. Une journée de repos bienvenue et régénératrice. Stéphane a passé ses courtes nuits, deux à trois heures de sommeil, à l'hôtel ou à la belle étoile. Enfin, journalièrement, il a brûlé quelque 12'500 calories et bu environ 10 litres d'eau. 

En route vers son troisième rêve… 
Au terme de ce périple franco-espagnol, le Broyard d'adoption a la certitude que son corps est désormais prêt à subir de gros efforts. Physiquement et mentalement, Stéphane a su trouver les ressources nécessaires afin de vaincre les grosses chaleurs ainsi que le fort vent. Ce n'était pourtant que la mise-en-bouche car, dans deux ans, en 2020, Stéphane Cand s’attaquera en principe à la Traversée de l’Europe, son troisième rêve, du Cap Nord (Norvège) à Tarifa (Espagne), soit 6'400 kilomètres en 21 jours, toujours sur une moyenne de 300 km par jour. Nous restons sans voix...

Le fil rouge de tous ses exploits? S'ils ont pu tous être réalisés, c’est aussi grâce à un suivi médical rigoureux. Depuis le début de ses projets sportifs, Stéphane est entouré par le Dr Blanc Gontran, spécialisé en médecine du sport. « Je ne me suis jamais lancé tête baissée dans une aventure sans m’y préparer minutieusement. Je suis très à l’écoute de mon corps ainsi que des conseils de mes proches. Si mon médecin, par exemple, me déconseille d’y aller, je l’écouterai», tient-il à souligner. 

La Traversée en diagonale de la France et de l’Espagne aujourd’hui. La Traversée de l’Europe en 2020. Mais jusqu'où ira Stéphane Cand ? Lui-même ne doit pas (encore) le savoir.